Les promoteurs immobiliers en alerte

La crise sanitaire que traverse la pays en cette fin de trimestre 2020 a eu un impact direct et non négligeable sur tout le secteur de l'immobilier. Analyse, interrogations et commentaires de cette situation inédite.

 

Quand le bâtiment va, tout va...

Et c'est justement là que le bât blesse : chantiers à l'arrêt au nom du principe de précaution devant les risques de propagation du virus, délais de construction interrompus, dates de livraison reportées, mais ce n'est pas tout... des milliers d'hommes et de femmes du bâtiment au chômage partiel ou technique, des fournisseurs fermés ou en rupture de stock sur certains matériaux, et des nouveaux projets en cours d'étude.. remis à plus tard, une situation très délicate à gérer côté construction.
 

Des programmes immobiliers au point mort...

Côté promoteurs, impossible de continuer à avancer sur les chantiers, avec des incertitudes sur les dates de livraisons contractuelles et notamment sur les ventes liées à un dispositif fiscal (comme la Loi Pinel, où la date de livraison est primordiale). Impossible donc de facturer les acquéreurs sur des nouveaux paliers d'avancements de travaux atteints, impossible d'avancer sur les signatures de nouveaux actes notariés avec la fermeture des études notariales et l'arrêt des études des dossiers de crédits par les banques. Des flux financiers à l'arrêt, des bilans d'opérations impactés, des projets qui restent dans les cartons, et des effectifs très réduits du fait des mesures de confinement. 
 

Des accords de permis de construire... remis à plus tard.

Des Mairies, services d'urbanisme, bureaux d'études techniques et bureaux d'architectes en activité ralentie, avec bien sûr en ligne de mire le report du deuxième tour des élections municipales... dont le décalage dans le temps aura un impact considérable sur la sortie de nouveaux programme immobilier neuf à un moment où la relance du secteur de l'immobilier neuf sera cruciale pour les économies et les emplois locaux, l'immobilier et le BTP produisant -localement- environ 10% des emplois au niveau national.
Combien de temps faudra-t-il alors pour rattraper les retards administratifs et les lancements commerciaux tant attendus... dans un marché où l'on sait que l'offre commerciale crée la demande ? Nul ne le sait.
 

Un marché incertain.

Interruption momentanée des transactions même si quelques négociations suivent leur cours, l'attentisme est de rigueur... autant de la part des acquéreurs qui anticipent une baisse -peu probable- du marché ou du moins un ajustement des prix à la baisse sur une période donnée, mais également de la part des vendeurs qui, pour ceux qui le peuvent, attendront des jours meilleurs afin de remettre leur bien en vente dans des conditions plus certaines... et cela vaut également pour les propriétaires de foncier dont la réalisation de la vente est entièrement remise en cause sur la base du calcul de la valeur optimale du foncier (remis en cause en cet instant précis) autant que sur les conditions de réalisation (quotas de ventes, obtention de financement,...).

Interrogé sur l'ampleur de cette crise, Mr Christope BOUSQUET, promoteur immobilier (Azur Réalisation) et Président du Club de l'Immobilier Côte d'azur (CICA) a un point de vue transversal sur ce défi qui nous attend : " Avec cette situation inédite, notre métier est amené à connaître de nombreuses nouvelles incertitudes, et il sera nécessaire de s’adapter et d’anticiper au mieux toutes les solutions nécessaires. Être encore plus proche des propriétaires fonciers et des acquéreurs pour renforcer la confiance mutuelle, travailler sur la dématérialisation des contrats, des actes, des crédits, des permis et autorisations d’urbanisme pour pouvoir avancer... malgré tout. Espérons en tout cas que cette situation ne dure pas trop longtemps sans quoi toute la chaîne de l'immobilier et du BTP va se gripper et fortement souffrir. »

On peut dire que cette crise aura eu le mérite de lever pas mal de questions et réflexions sur un secteur d'activité en pleine évolution...
 

La prochaine étape ?


Une mutation de grande ampleur, du montage des projets à l'acte de vendre, la formalisation et la production, c'est bien tout un secteur qui est appelé à muter afin d'apporter les éléments de réponses nécessaires et suffisants pour que demain, l'immobilier au-delà de sa valeur d'utilisation directe, garde son caractère de valeur refuge et de création de richesse.

Car du propriétaire du foncier en passant par les différents intervenants au montage du projet, à sa réalisation, à l'acte de bâtir, et jusqu'à l'occupant final... nous sommes aujourd'hui TOUS dans le même bateau.

INEUF.com